L’Europe en déficit sécuritaire, comment l’Azerbaïdjan parvient à prévenir la radicalisation ( The Time of Israel)
La lutte contre l’extrémisme religieux en Azerbaïdjan inclut toutes les mesures juridiques et des contraintes administratives en collaboration avec les institutions publiques pour la prévention de la radicalisation parmi les citoyens qui pouvaient déstabiliser la stabilité interne du pays.
Ce n’est pas un hasard si l’Indice Global de la Terreur 2015, publié récemment par l’Institut pour l’Économie et la Paix basé en Australie, classe l’Azerbaïdjan parmi les pays les plus sûrs au monde, au niveau des menaces terroristes potentielles.
Alors quelles sont les modalités de prévention de ce problème ou bien comment l’Azerbaïdjan agit contre la radicalisation de ses citoyens et des attaques des groupes religieux extrémistes autour d
’une région ébranlée par plusieurs défis sécuritaires?
Tout d’abord, ce pays mène une vraie politique d’Etat pour la prévention de la radicalisation, en prenant en compte les religions et la coexistence des communautés multi-confessionnelles dans une société multiculturelle.
Une position spécifique visant à lutter contre la radicalisation a été déclaré lorsque l’Etat azerbaïdjanais a participé activement dans la coalition internationale anti-terroriste à la suite de l’attentat terroriste du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis organisé par les groupes terroristes islamiques Al-Qaïda.
L’Azerbaïdjan a une situation géographique complexe car il est entouré par les influences de différents courants religieux (Sud – l’Iran chiite, l’Est – la Turquie sunnite), il n’a pas autorisé l’entrée des idéologies religieuses à l’intérieur de son pays. Dans cette lutte l’Etat a pris tous les dispositifs juridiques, administratifs et même institutionnels pour éviter cette contamination d’un malaise sociétal.
L’autorité d’Azerbaïdjan par l’intermédiaire du Comité d’Etat chargé pour les Travaux avec les Institutions religieuses, en charge du pilotage et de la mise en œuvre de la réponse publique, a lancé un appel à projets sur l’ensemble des territoires azerbaïdjanais.
Les pays européens, réveillés face à la radicalisation, suite de vague d’attentats terroristes islamiques perpétrés à Paris ou à Bruxelles, ont pris du retard dans la lutte contre la radicalisation qui pourrait avoir de grandes conséquences allant jusqu’à une guerre civile. Dans son ensemble, l’Europe tarde vraiment à prendre des mesures sévères pour combattre le phénomène de radicalisation, par exemple la France vient seulement de lancer une modification constitutionnelle pour la déchéance de nationalité des terroristes pour éviter des attentats des citoyens radicaux islamistes français.
L’Europe, basée sur les valeurs fondamentales de défense de la liberté de tous les êtres humains, reconnaît à chaque individu le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion et ainsi que la pratiquer librement.
Or, les groupes radicaux inspirés de l’islamisme politique, en semant des pensées intolérantes dans les mosquées par la propagation des idéologies d’exclusions et d’intolérance parmi la jeunesse européenne, cherchant à recruter de futurs combattants étrangers dans les camps militaires de l’Etat islamique en Irak ou en Syrie, abusent de la laïcité et de la tolérance d’un environnement multiculturel pluraliste existant depuis des centaines d’années en Europe. Ils profitent de la liberté d’expression pour diffuser des préceptes contraires à celle-ci.
Mais face à ce scénario toutes ces mesures sont-elles suffisantes contre la radicalisation émergente avec une idéologie forte déferlante qui menace l’ensemble des pays européens? Qu’est ce que l’Europe doit faire afin de résoudre ce problème ?
Pour développer une politique efficace, il est important avant tout de comprendre les circonstances dans lesquelles les individus se radicalisent et comprendre pourquoi ils agissent ainsi.
Retournons sur le cas azerbaïdjanais ou la radicalisation est considérée comme un problème social majeur qu’il faut essayer d’éviter dans la mesure du possible. La radicalisation, doublée d’une forte polarisation, constitue une menace pour la cohésion sociale et la solidarité sociétale. Un processus de radicalisation conduit en outre, dans le cas extrême, à l’utilisation de la violence par les attentats terroristes. Ces problèmes sont traités à travers une approche globale.
L’appui institutionnel du gouvernement azerbaïdjanais chargé de la surveillance est le Comité d’État pour le travail avec les organisations religieuses de la République d’Azerbaïdjan, qui a le pouvoir d’accorder ou de refuser l’enregistrement aux communautés religieuses, d’exiger la suspension de leurs activités et d’autoriser ou d’interdire l’importation de l’étranger, l’impression, la vente et la distribution des publications religieuses fabricant des idéologies d’exclusion et le discours de haine à l’égard des autres religions.
Le Comité d’Etat dans la lutte contre la radicalisation mène une action multidimensionnelle en étroite coopération avec les autorités locales. Les autorités locales sont proches des civils et leur part de responsabilité dans la prévention et la lutte contre la radicalisation est indéniable. Ce sont elles qui sont le mieux placées pour voir ce qui se passe parmi les habitants de leur ville ou municipalité, pour reconnaître les développements à un stade précoce et pour intervenir.
Les centres régionaux du Comité d’Etat situés dans l’ensemble des territoires azerbaïdjanais jouent des rôles logistiques pour l’enseignement et la sensibilisation des citoyens par rapport à leurs habitudes de prier dans les mosquées.
En premier lieu, le gouvernement azerbaïdjanais encourage l’intégration des musulmans par des mesures éducatives menés par le Comité d’Etat. Les pôles sont les suivants: l’attention accordée aux problèmes d’identité spécifiques des jeunes musulmans dans un environnement multiculturel, la lutte contre la discrimination, et l’encouragement à la participation sociale et politique.
Pour protéger les jeunes de l’idéologie radicale l’Etat augmente son contrôle sur toute la littérature religieuse importée de l’étranger, y compris les publications religieuses exploitant les comportements discriminatoires et des haines inter-confessionnelles. N’oublions pas le fait que les combattants étrangers partis aux camps militaires des groupes islamiques en Irak et en Syrie sont des adolescents éduqués dans les écoles françaises laïques mais mal intégrés dans la société.
Dans le contexte européen, on retrouve souvent une crise d’identité à la base du processus de radicalisation. Il s’agit surtout de jeunes qui sont écartelés entre deux cultures. Dans leur recherche d’une identité propre, certains jeunes se tournent vers l’islam radical.
Il est possible justement, en leur offrant une place plus évidente dans la société dans laquelle ils vivent et en les faisant accéder à une information objective sur l’islam et sur le fait d’être musulman dans une société moderne, de faire régresser l’attractivité des groupes islamistes radicaux et extrémistes.
Le gouvernement azerbaïdjanais combat activement la polarisation radicale et l’islamophobie. L’approche azerbaïdjanaise de la prévention de la radicalisation ne va pas dans le sens d’une déchéance de la nationalité pour les jeunes mais essaie au contraire de les accompagner vers une sensibilisation religieuse réfléchie, préventivement. N’oublions pas que la majorité des habitants sont musulmans inspiré de l’islam modéré. Imaginez l’ampleur du désastre, si ces musulmans se tournaient majoritairement vers l’islamisme radical.
Préventivement, l’Etat azerbaïdjanais a pris tous les dispositifs administratifs contraignants pour élargir sa lutte contre la radicalisation dans tous les domaines. D’abord il y a eu l’adoption de la loi sur la liberté religieuse qui constitue la base de dispositifs juridiques […] en conformité avec la Constitution de la République d’Azerbaïdjan et selon les traités internationaux signés par le pays pour la détermination des statuts, des droits et des fonctions des associations religieuses et ainsi que la réglementation surveillée des activités des Associations religieuses.
Le Comité d’Etat en tant qu’organisme gouvernemental joue un rôle important dans l’institutionnalisation du positionnement de l’Etat vis-à-vis la religion. La série des nouvelles décisions sur la déradicalisation des citoyens ayant subi une influence du radicalisme religieux démontre la volonté politique majeure de Azerbaïdjan dans la lutte contre l’ignorance religieuse.
De plus, l’utilisation des rhétoriques politiques par les imams durant les sermons est contrôlée et restreinte. Le message de Mubariz Gurbanli, chef du Comité d’Etat chargé pour les Travaux avec les Organisations religieuses est clair et net: «Ceux qui transforment la mosquée en une arène politique seront punis».
En ce sens la formation des imams en Azerbaïdjan devra empêcher que les musulmans azerbaïdjanais dépendent uniquement des imams originaires de l’étranger comme de Qom, une des villes saintes du chiisme en Iran ou des éducateurs formés dans les écoles religieuses des différentes sectes en Turquie. En effet, ces imams et éducateurs religieux risquent de ne pas posséder les connaissances appropriées et nécessaires sur la société azerbaïdjanaise et d’en donner une fausse idée.
Dans le cas azerbaïdjanais de la prévention de la radicalisation religieuse, les organisations de la société civile comme les organisations musulmanes mais les organisations de jeunesse des différentes communautés juives, chrétiennes mais aussi les associations de voisinage sont en même temps encouragées à fournir aux jeunes davantage d’informations et surtout des informations plus nuancées sur des thèmes comme celui de la croyance, de l’islam dans une société multiculturelle.
Pour cela, la subvention par le Comité d’Etat chaque année de $2.5 million pour les communautés et organisations religieuses musulmanes et $400.000 pour les organisations religieuses non traditionnelles comme chrétiennes, juives, l’établissement du Centre national de Tolérance et du Centre international du Multiculturalisme de Bakou et ainsi qu’organisation de la série d’événements divers, séminaires, trainings et conférences consacré la sensibilisation de la jeunesse suivent les mêmes motifs.
Ces acteurs de la société civile fournissent aussi des explications sur la géopolitique, les foyers de conflits dans le monde et informent sur l’histoire de l’extrémisme religieux et sur celle de la démocratie.
Toutes les activités de ce genre ne doivent pas nécessairement être réalisées dans le cadre du combat contre la radicalisation mais elles contribuent à créer un climat dans lequel les jeunes s’intéressent davantage à la société.
En ce sens, les réponses européennes au terrorisme et à la radicalisation doivent s’inspirer des valeurs fondamentales de l’Union européenne et des droits de l’Homme en promouvant l’enseignement, le dialogue inter-confessionnel, la non-discrimination et la lutte contre les discours de haine. Pour l’heure, le radicalisme islamiste trouve facilement des adeptes potentiels, surtout parmi les jeunes défavorisés ou qui se cherchent une identité ou qui cherchent un sens à leur vie ou encore qui ont besoin de cadres structurants rassurants…
BLOGGER
Said Musayev
Said est né le 1 mars 1988 à Bilasuvar, petite région situé près de la frontière avec l'Iran au Sud … [Plus]
suivre ou contacter :FacebookTwitterRSSBLOGS ÉDITEUR
EmailPLUS DANS CE BLOG
Les modèles de tolérance et de coexistence : le cas azerbaïdjanaisShoah-Khodjaly: s’unir dans la mémoire des génocidesAzerbaïdjan, nouvelle destination olympiqueL’importance de l’amitié israélo-azerbaïdjanaiseAzerbaïdjan-Israël, une relation à toute épreuve
Comment l’Azerbaïdjan parvient à prévenir la radicalisation dans une région entourée par les courants extrémistes religieux