2017-03-07

Message des Azerbaïdjanaises déplacées internes au président français

Les femmes de la communauté azerbaïdjanaise du Haut-Karabagh, région occupée de l’Azerbaïdjan, vivant une vie de déplacés internes, ont adressé un message à François Hollande, président de la République française, Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale française, et Gérard Larcher, président du Sénat français, au sujet de la visite du président arménien Serge Sarkissian en France.

Nous présentons ci-dessous l’intégralité du message.

Le 3 mars 2017 Au nom de toutes les femmes de la communauté

azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, région occupée

de la République d’Azerbaïdjan,

vivant une vie de déplacés internes

Au Président de la République Française

Monsieur François HOLLANDE

Le 3 mars 2017 Au nom de toutes les femmes de la communauté

azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, région occupée

de la République d’Azerbaïdjan,

vivant une vie de déplacés internes

Au Président du Sénat de la République Française

Monsieur Gérard LARCHER

Au nom de toutes les femmes de la communauté

azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, région occupée

de la République d’Azerbaïdjan,

vivant une vie de déplacés internes

Au Président de l’Assemblée Nationale

de la République Française

Monsieur Claude BARTOLONE

Monsieur le Président,

Comme vous le savez, la République d’Arménie, notre voisin, a illégalement occupé par le biais de ses forces armées la région historique de l’Azerbaïdjan le Haut-Karabakh et sept autres districts voisines de notre république. En changeant les frontières internationalement reconnues de la République d’Azerbaïdjan par la force, la République d’Arménie a gravement violé les normes et les principes du droit international.

Au résultat d’une politique de nettoyage ethnique menée par les forces armées de la République d’Arménie dans la région azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, plus aucun azerbaïdjanais ne reste dans cette région occupée illégalement. Le point culminant de ce nettoyage ethnique a été le génocide de Khodjaly perpétré le 26 février 1992, dont les 25 ans ont été commémorés il y a quelques jours. C’est le Président actuel de la République d’Arménie, Serge Sarkissian, qui avait organisé personnellement le génocide de Khodjaly et il l’a publiquement reconnu dans ses nombreuses interviews aux médias internationaux.

613 azerbaïdjanais, y compris femmes, hommes, vieillards et enfants, ont subi ce génocide uniquement parce qu’ils étaient azerbaïdjanais. A ce jour, plus aucune personne d’origine azerbaïdjanaise ne vit dans la région du Haut-Karabakh et sept autres districts de l’Azerbaïdjan illégalement occupées. Avant les citoyens azerbaïdjanais d’origine azerbaïdjanaise et arménienne vivaient jadis côte à côte au Haut Karabakh région d’Azerbaïdjan.

Près de 20% de nos terres internationalement reconnues comme faisant partie du territoire de l’Azerbaïdjan se trouvent aujourd’hui de-facto sous le contrôle arménien, ce qui va à l’encontre du droit international, y compris les quatre résolutions importantes N° 822, 853, 874 et 884, adoptées par le Conseil de Sécurité de l’ONU sur le conflit arméno-azerbaïdjanais du Haut-Karabakh.

Plus de 750 000 azerbaïdjanais ont été expulsés par les forces armées de l’Arménie de leurs terres natales, de la région du Haut-Karabakh d’Azerbaïdjan et sept autres districts azerbaïdjanaises environnantes occupées par l’Arménie.

Depuis 25 ans, nous menons une vie de personnes déplacées internes. Nos droits humains fondamentaux à la disposition de nos propriétés, à la vie dans notre région, nos villes, nos villages et nos maisons natals ont été gravement violés.

Nous tenons à rappeler que la grave violation des droits humains des personnes déplacés azerbaïdjanais suite à l’occupation illégale de la région du Haut-Karabakh et de sept autres districts de l’Azerbaïdjan par l'Arménie a également été confirmée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme. De plus, la Cour Européenne des Droits de l'Homme a souligné que l'Arménie violait ainsi également la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

Cependant, la communauté et le lobby arméniens vivant dans les pays étrangers continuent de semer la désinformation en présentant la communauté arménienne du Haut-Karabakh comme “victime”, faisant croire que c’est l’Azerbaïdjan qui aurait violé leurs droits humains, en présentant l’Azerbaïdjan comme un pays “non démocratique”, et le régime marionnette occupant créé par l’Arménie dans la région du Haut-Karabakh de l’Azerbaïdjan, comme souhaitant y établir la “démocratie”. Ainsi, l’Arménie, par le biais de ses nombreuses communautés et son lobby, mène une vaste campagne de désinformation et de diffamation contre l’Azerbaïdjan. Le moindre problème survenu dans le domaine du développement de la démocratie en Azerbaïdjan, qui a retrouvé son indépendance il y a à peine 25 ans, est gonflé et largement médiatisé dans la presse internationale, alors que les plus graves problèmes existant dans ce domaine en Arménie sont passés sous silence. N’est-il pas un double standard ?

Comme on le sait, les communautés et le lobby arméniens à l’étranger appliquent leur “diplomatie de chantage électoral” également en France, en poussant les Maires de certaines villes françaises ayant besoin des voix de la communauté arménienne pendant les élections, à signer les “chartes d’amitié” illégales avec les villes situées en Haut-Karabakh région de l’Azerbaïdjan illégalement occupée. Ainsi, par exemple, le Maire de la ville française Bourg-lès-Valence a signé une “charte d’amitié” illégale avec notre ville historique de Choucha située dans la région azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh. Le Maire de Bourg-lès-Valence a tenté de justifier cet acte illégal et contredisant au droit international en déclarant qu’elle l’avait fait pour “soutenir la démocratie”.

Aujourd'hui, nous, les vrais citoyens de Choucha, l'une des plus anciennes villes historiques d’Azerbaïdjan, tenons à informer le Maire de Bourg-lès-Valence qu’en 1989 la ville de Choucha possédait une population de plus de 20.000 habitants, dont près de 93% étaient citoyens d’Azerbaïdjan d'origine azerbaïdjanaise et seulement 7% environ étaient citoyens d’Azerbaïdjan d’origine arménienne. Le 8 mai 1992, les forces armées de l’Arménie ont illégalement envahi Choucha et y ont mené un nettoyage ethnique au cours duquel des centaines de ses citoyens d’origine azerbaïdjanaise ont été massacrés, avec une cruauté extrême, des centaines de ses résidents azerbaïdjanais ont été blessés et mutilés, plus de 600 enfants azerbaïdjanais ont perdu leurs parents, des milliers d’habitants azerbaïdjanais ont perdu leurs maisons natales et ont dû quitter leur Choucha natale et se retrouver ainsi déplacés internes. A ce jour, on n’a pas de nouvelles sur le destin des Azerbaïdjanais pris en otage ou emprisonnés. Aujourd’hui, plus aucun azerbaïdjanais ne vit à Choucha, seuls les arméniens y vivent. En d’autres mots, la ville a été arménisée par un nettoyage ethnique et le fait qu’aujourd’hui seuls les arméniens y vivent a été obtenu par la force.

Monsieur le Président,

La question que nous vous adressons: Est-il possible d’appeler “soutien à la démocratie” une justification infondée, violant le droit international de la modification par force de la nationalité de la population d’une ville, de l’expulsion de la population authentique d’une ville de leur ville et de sa transformation forcée en déplacés internes, de l’arménisation de la ville de Choucha au résultat d’un nettoyage ethnique ? Ce genre d’actes illégaux violant le droit international, la démocratie et les droits de l’homme sont-ils conformes aux valeurs de la France, qui est considérée comme berceau des droits de l’homme ? Le Maire de la ville de Bourg-lès-Valence pourrait-elle s’imaginer un instant que l’Arménie occupe illégalement, par force, la ville de Bourg-lès-Valence, en chasse les habitants français d’origine française, que le Maire lui-même devienne déplacé interne, que la population de cette ville s’arménise entièrement et qu’ensuite, les villes des pays étrangers signent des “chartes d’amitié” illégales et, sous le nom “d’un soutien à la démocratie” établisse une coopération avec le “gouvernement” illégalement créé dans cette ville ?

Par ailleurs, l’actuel gouvernement de la République d’Arménie exprime régulièrement son rêve de l’auto-détermination de la communauté arménienne vivant dans la région du Haut-Karabakh de la République d’Azerbaïdjan et, plus concrètement, d’y créer un nouvel Etat.

Il ne faut pas oublier que les arméniens ont déjà procédé une fois à leur auto-détermination dans le Caucase, ce qui a abouti à la création de la République d'Arménie, et si on continue dans la même logique, cela signifierait que les communautés arméniennes vivant dans tous les pays étrangers pourraient créer sous le nom de “l'autodétermination” de nouveaux états artificiels, et dans ce cas, dans le monde entier et particulièrement en France, aux Etats-Unis, en Russie, en Géorgie, en Azerbaïdjan, en Turquie, en Argentine et dans d'autres pays où vivent des communautés arméniennes, des centaines de nouveaux “Etats” arméniens artificiels pourraient voir le jour. Alors que, comme nous le savons, le droit international, et l'Acte final d'Helsinki de l’OSCE en particulier, souligne clairement que le droit à l'autodétermination ne peut être appliqué en aucun cas s’il porte préjudice à l'intégrité territoriale des Etats. En d'autres termes, l'autodétermination ne doit pas violer l'intégrité territoriale des Etats.

Le gouvernement de la République d’Azerbaïdjan dont nous sommes citoyens a déclaré à plusieurs reprises qu’un haut niveau d’autonomie, une auto-administration, pourrait être accordé à la région du Haut-Karabakh où vivraient pacifiquement ensemble les citoyens azerbaïdjanais d’origines azerbaïdjanaise et arménienne, dans le cadre de l'intégrité territoriale de la République d'Azerbaïdjan. À cet égard, l’établissement et le développement du dialogue entre les communautés azerbaïdjanaise et arménienne de la région du Haut-Karabakh revêt une grande importance. Or, le gouvernement actuel de la République d'Arménie représente un obstacle sérieux à cela.

Monsieur le Président,

La République Française, que vous présidez, a directement participé à l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’ONU des résolutions importantes sur le conflit arméno-azerbaïdjanais du Haut Karabakh, et également sur le plan bilatéral a toujours soutenu, en tant que coprésident du Groupe de Minsk créé suite à ces résolutions, l’intégrité territoriale de la République d’Azerbaïdjan, conformément à l’Acte final d’Helsinki de l’OSCE, en respectant ainsi ses engagements internationaux.

Tous ces documents et les normes et principes du droit international reconnaissent le Haut-Karabakh comme partie intégrante de la République d’Azerbaïdjan. Cependant, ces actes ne sont pas suffisants pour mettre fin à la précarité dans laquelle nous vivons en tant que personnes déplacées depuis plus de 25 ans et pour nous permettre de retourner dans notre région, villes, villages et maisons natals et y vivre côte à côte avec d’autres citoyens azerbaïdjanais, ceux d’origine arménienne. C’est pourquoi la France devrait augmenter sa pression sur l'Arménie.

Il est écrit dans la presse que dans les prochains jours, le 8 mars 2017, à la Journée Internationale de la femme, vous allez recevoir à Paris le Président de la République d’Arménie Serge Sarkisian, qui est l’organisateur du génocide de Khodjaly lors duquel des femmes azerbaïdjanaises ont été tuées avec une cruauté extrême. En vue de cette rencontre, au nom de toutes les femmes de la communauté azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, région historique de la République d’Azerbaïdjan, vivant une vie de déplacées internes, nous vous prions de faire en tant que coprésident du Groupe de Minsk de l’OSCE pression sur le Président de la République d’Arménie pour qu’il ne pose plus d’obstacles au règlement pacifique du conflit arméno-azerbaïdjanais du Haut-Karabakh, conformément au droit international, y compris les résolutions relatives du Conseil de Sécurité de l’ONU et l’Acte final d’Helsinki de l’OSCE; qu’il n’empêche pas l’établissement et le développement du dialogue entre les communautés azerbaïdjanaise et arménienne du Haut-Karabakh, ni le fonctionnement de la “Plateforme arméno-azerbaïdjanaise pour la Paix”, ni le rétablissement des nos droits humains, pour nous permettre de passer la Journée Internationale de la Femme l’année prochaine dans notre région, nos villes, villages et maisons natals.

Nous vous demandons tout simplement de soutenir la justice et que le droit international, la justice historique et nos droits humains soient assurés sur nos terres historiques et natales - la région du Haut-Karabakh de notre pays.

Nous espérons que la France, en tant que membre responsable de la communauté internationale et coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE, renforcera sa fonction de médiateur objectif conformément à ses engagements internationaux mentionnés ci-dessus et augmentera sa pression sur le Président arménien.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

Au nom de toutes les femmes de la communauté

azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, région occupée

de la République d’Azerbaïdjan,

vivant une vie de déplacés internes

Signé par un groupe de femmes de cette communauté

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