2017-03-16

Azerbaïdjan-Arménie : la France doit contribuer à une résolution pacifique du conflit (Liberation.fr)

Le 14 mars le Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev était reçu à l’Elysée par le Président de la République française à l’occasion de sa visite officielle en France. Cette visite coïncide entre autres avec la célébration du 25e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays. La France est le second pays à reconnaître l’indépendance de l’Azerbaïdjan. Cette visite témoigne également du dynamisme des rapports entre les deux pays et elle se justifie par plusieurs raisons.

Premièrement, durant toutes ces années, les rapports entre la France et l’Azerbaïdjan se sont développés avec une ferveur constante. Deuxièmement, l’Azerbaïdjan suscite un grand intérêt parce qu’il constitue un partenaire politique. C’est une jeune démocratie qui, depuis la restauration de son indépendance, ne cesse de se moderniser en mettant en œuvre des réformes politiques, économiques et institutionnelles importantes en vue de construire un Etat de droit, doté d’institutions démocratiques et d’une économie dynamique et croissante. Le pays a octroyé le droit de vote aux femmes en 1918, aboli la peine de mort en 1998 et a développé de fortes traditions de laïcité et de tolérance, où des musulmans chiites et sunnites, des chrétiens et des juifs vivent en respect réciproque. À ce jour, près de 30 000 citoyens d’origine arménienne, principalement des familles mixtes, continuent de vivre à Bakou et dans d’autres villes en toute sécurité malgré le conflit avec l’Arménie.

Enfin, l’Azerbaïdjan a réussi à maintenir, jusqu’à présent, de bonnes relations aussi bien avec la Russie qu’avec l’Occident, en affirmant sa volonté d’indépendance. Ainsi, nous, la communauté azerbaïdjanaise en France, soutenons la visite officielle du président Aliyev à Paris.

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A l’occasion de cette visite, nous rappelons également que le conflit du Haut-Karabakh n’est toujours pas résolu à ce jour. Ce dernier a donné lieu à des affrontements de 1988 à 1994 entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, s’est soldé par l’occupation de 20% des territoires azerbaïdjanais (le Haut-Karabakh et sept régions environnantes) et l’expulsion de la population azerbaïdjanaise de ces régions. Aujourd’hui, avec près d’un million de réfugiés et de personnes déplacées internes (PDI), soit 10% de sa population, l’Azerbaïdjan est un des pays qui compte le plus grand nombre de réfugiés et PDI par habitant au monde.

Le point culminant de ce nettoyage ethnique a été le génocide de Khodjaly, perpétré le 26 février 1992, où 613 civils, hommes, femmes, enfants, ont été sauvagement massacrés. Le Président arménien actuel, Serge Sarkissian, qui avait commandé personnellement le génocide de Khodjaly, l’avait publiquement reconnu dans ses propos aux journalistes occidentaux.

Quant à la résolution du conflit, les bases fondamentales pour son règlement ont été définies dans les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Ces résolutions condamnent l’usage de la force envers l’Azerbaïdjan et l’occupation de ses territoires, et réaffirment la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan. Elles exigent le retrait immédiat, complet, et inconditionnel des forces occupantes de tous les territoires occupés de l’Azerbaïdjan. Je suis moi-même une enfant issue de ces territoires occupés et j’ai été, avec ma famille, directement témoin des horreurs infligées au peuple azéri.

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Au nom de toute la communauté azerbaïdjanaise en France, nous demandons à la France, en tant que pays coprésident du Groupe de Minsk de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), ainsi qu’à la communauté internationale, de réagir et de condamner cette agression afin de contribuer au rétablissement de l’intégralité territoriale de l’Azerbaïdjan par la voie pacifique. Nous appelons enfin l’Arménie à prendre conscience qu’elle ne peut durablement maintenir l’occupation du Haut-Karabakh tout en cherchant à se présenter, contre toute vérité historique, en victime d’un conflit qu’elle a déclenché elle-même. Nous croyons que nos valeurs communes d’humanité ne peuvent être préservées que par nos efforts conjoints. La France peut y contribuer grâce aux liens qu’elle a toujours maintenus avec les deux pays et au rôle de la médiation qui lui a été confié.

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