Zahra, nouvelle victime du conflit Azerbaïdjan / Arménie : Erevan montrée du doigt (Mediapart.fr)
Quels sont les faits ? Selon le Ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais, le mardi 4 juillet dernier, l’enfant de deux ans, qui s’appelait Zahra Guliyeva, a été la cible directe de tirs provenant de l’armée d’occupation arménienne visant délibérément des civils dans le village d’Alkhanli au coeur de la zone de Fizouli. Sa grand-mère Servinaz Guliyeva a également succombé à ses blessures. Dans une montée indéniable des tensions sur le plan local, les autorités d’occupation du Karabakh ont affirmé avoir répondu au déploiement d’armes azerbaïdjanaises à proximité des civils.
La jeune fille et la grand-mère ne sont que les victimes d’un énième rebondissement dans un conflit qui divise l’Azerbaïdjan et l’Arménie depuis des années. Les deux pays en effet se disputent culturellement et historiquement ce territoire stratégique de près de 2 500 km² et la chute de l’URSS a précipité l’agressivité arménienne qui a toujours considéré cet espace majoritairement peuplé d’Arméniens comme sien.
Mais en réalité dès 1988, les habitants du Haut-Karabakh demandent leur rattachement à Erevan, alors que l’Union soviétique montre déjà des signes clairs d’affaiblissement. L’occasion était toute trouvée de récupérer physiquement cette poche de résistance identitaire importante pour Erevan et un conflit sanglant s’enclencha pour aboutir en 1994 à un cessez-le-feu. Aujourd’hui, cette province est une république soi-disant autonome qui n’a jamais été reconnue par l’Arménie. Ce conflit est l’un des plus meurtriers de l’après-URSS, ayant entraîné des dizaines de milliers de morts.
Mais ce n’est pas tout car depuis 1994, un million d’AzerbaÏdjanais ont fui le Haut-Karabakh occupé depuis militairement par l’Arménie, divisant l’Azerbaïdjan en deux, gangrenant son intégrité territoriale de 20 % et isolant complètement la république autonome d’Azerbaïdjan du Nakchivan. Régulièrement, les attaques meurtrières se multiplient dans ce territoire sous haute tension. Déjà en 2016, l’augmentation des clashs sur le terrain avait conduit à la signature d’un cessez-le-feu. Cela n’a malheureusement pas empêché la mort de Zahra et de sa grand-mère mercredi dernier.
L'Arménie qui poursuit sa provocation semble directement responsable de la mort de l’enfant et de la vieille dame. C’est un prolongement de la politique évidente d’agression d’Erevan et du traitement inhumain infligés à près de 4000 prisonniers azéris envoyés dans des camps, torturés, ou morts depuis. Les institutions internationales n’ont eu de cesse de confirmer ces faits et condamner l’Arménie qui continue d’agir impunément en dépit du droit international. Malgré les condamnations de l’OSCE, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération Européenne, Erevan continue d’ « arméniser » le Haut-Karabakh, l’épurant ethniquement tout en éradiquant scrupuleusement et pernicieusement toute trace du patrimoine azerbaïdjanais dans la région.
Après des années de désengagement et de désintérêt complet de la communauté internationale, il serait temps que la France joue un rôle majeur dans la résolution de ce conflit. Et notamment, car en tant que co-présidente du Groupe de Minsk de l’OSCE, elle doit pouvoir faire pression pour qu’au moins le droit international soit respecté et que l’Arménie soit enfin condamnée pour sa politique de purification odieuse dans la région.