2017-10-09

Conflit au Karabagh, où l'urgence de rendre à Bakou ce qui appartient à Bakou

Le temps est bruineux ce 4 octobre 2017, sur l'Ouest de l'Azerbaïdjan. Le long de la frontière iranienne, à 4 heures de route de la capitale ultra-moderne Bakou, je m'arrête devant un imposant et tout nouveau monument aux morts. Des militaires stationnés pour protéger la région sont là et me proposent deux fleurs rouge, à déposer au pied des photos des 21 soldats azéris tués lors de l'escarmouche arménienne de 4 jours qui a ensanglanté le Karabagh au printemps 2016. Immersion au sein d'un conflit aussi violent qu'injuste... et interminable !

 

Depuis des siècles, des populations arméniennes et azéris peuplent le Karabagh. Mais la détermination des Arméniens à se séparer de l'Azerbaïdjan, avec l'appui de l'Arménie, a entrainé la région vers un chaos meurtrier. Les combats arméno-azerbaïdjanais à grande échelle n'ont éclaté qu'à la fin de l'année 1991, mais continuent encore aujourd'hui. 

Les événements de février 1988 furent dramatiques, soudains et presque universellement imprévisibles dans une Europe qui avait presque oublié la puissance du nationalisme en tant que force politique. En ce sens qu'en étant la première querelle nationaliste sérieuse de l'ère communiste tardive, le conflit du Karabagh peut être décrit à la fois comme "le plus inattendu" et "le plus prédéterminé" de tous ces conflits.

Plus que tout autre en Yougoslavie ou en Union Soviétique, le conflit était presque inévitable parce que ses causes résidaient dans la «structure profonde» des relations entre les deux partis, à la fin du régime communisme. Quatre éléments - des discours 

nationaux divergents, une frontière territoriale contestée par l'Arménie, un dispositif de sécurité instable et un manque de dialogue entre les deux parties - ont créé des fissures qui sépareraient l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour de longues décennies. Cependant, parce que le problème était à la fois si nouveau et si profond, aucun mécanisme n'a été trouvé - et n'a encore été trouvé - pour réparer les dégâts.

Géographiquement, le Karabagh est situé du côté azerbaïdjanais du bassin versant montagneux qui sépare les deux pays. Démographiquement, la région était mixte: les arméniens prédominaient dans les collines tandis que plus d'Azerbaïdjanais vivaient dans les plaines, ainsi que dans la ville de Shusha.

Culturellement pour les Arméniens, la signification du Karabakh réside dans la douzaine d'églises arméniennes disséminées dans le territoire. Pour les azerbaïdjanais, la grande floraison culturelle des compositeurs et des poètes tels que Vagif, Natevan et Uzeir Hajibekov prouve que le territoire est lié à Bakou. Le Karabakh est, en bref, une zone frontalière culturellement riche, comme l'Alsace, la Flandre ou le Cachemire et, comme eux, destiné à être un champ de bataille.

 

https://blogs.mediapart.fr/jonathan-simon-sellem/blog/091017/conflit-au-karabagh-ou-lurgence-de-rendre-bakou-ce-qui-appartient-bakou?utm_source=twitter&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-67

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