LA PREMIÈRE UTILISATION CONFIRMÉE D’ARMES À SOUS-MUNITIONS PAR L’ARMÉNIE EST CRUELLE ET IMPRUDENTE
Amnesty International a vérifié l’utilisation de bombes à fragmentation interdites par l’Arménie pour la première fois dans le conflit actuel du Haut-Karabakh, à la suite d’une attaque contre la ville de Barda en Azerbaïdjan.
Hier, vers 13h30, heure locale, une ou plusieurs roquettes Smerch ont été tirées sur Barda, frappant un quartier résidentiel proche d’un hôpital.
Le bureau du procureur général azerbaïdjanais a déclaré qu’au moins 21 personnes avaient été tuées, dont 70 autres blessées.
Les experts d’Amnesty International Crisis Response ont vérifié des photos (prises par des journalistes de Vice News dans la ville) de fragments d’armes à sous-munitions 9N235 provenant de roquettes 9M55 Smerch de fabrication russe, qui semblent avoir été tirées dans la ville par les forces arméniennes.
« Les tirs d’armes à sous-munitions dans des zones civiles sont cruels et imprudents et provoquent des morts, des blessures et des souffrances incalculables », a déclaré Marie Struthers, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.
« Alors que ce conflit continue de s’intensifier, les forces arméniennes, soutenues par l’Arménie et azerbaïdjanaises se sont toutes rendues coupables d’avoir utilisé des armes interdites qui ont mis en danger la vie de civils pris au milieu.
« Les armes à sous-munitions sont par nature des armes aveugles et leur utilisation en toutes circonstances est interdite par le droit international humanitaire. Nous appelons à nouveau les deux parties à cesser immédiatement d’utiliser des armes à sous-munitions et à donner la priorité à la protection des civils. »
Le 5 octobre, Amnesty International a identifié les armes à sous-munitions M095 DPICM qui semblent avoir été tirées par les forces azerbaïdjanaises sur la ville de Stepanakert, la capitale régionale du Haut-Karabakh.
La semaine dernière, Amnesty International a également demandé à l’Arménie et à l’Azerbaïdjan de cesser immédiatement d’utiliser des armes explosives lourdes ayant des effets étendus dans les zones civiles densément peuplées.
Contexte
Le 27 septembre, de violents combats ont éclaté entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie et les forces soutenues par l’Arménie dans la région du Haut-Karabakh. Au cours du mois dernier, les deux parties impliquées dans le conflit ont échangé des tirs d’artillerie et de roquettes.
Amnesty International a appelé toutes les parties au conflit à respecter pleinement le droit international humanitaire et à protéger les civils contre les effets des hostilités.
Munitions à fragmentation
Les armes à sous-munitions sont par nature des armes aveugles qui infligent des souffrances aux populations civiles des années après leur utilisation, et sont internationalement interdites par un traité soutenu par plus de 100 États . Amnesty International demande à l’Arménie et à l’Azerbaïdjan de devenir parties à la Convention sur les armes à sous-munitions.
Les armes à sous-munitions dispersent des centaines de bombes, ou sous-munitions, sur une vaste zone. On estime qu’entre 5 et 20 pour cent des bombes à grappes ne parviennent pas à exploser. Ils sont ensuite laissés pour compte, ce qui représente une menace pour les civils semblable à celle des mines terrestres antipersonnel.
L’utilisation de ces armes viole l’interdiction d’attaques aveugles en raison de la vaste zone couverte par les nombreuses bombes larguées et du danger posé à tous ceux qui entrent en contact avec les munitions non explosées.