Haut-Karabakh : les leçons militaires de la guerre
Militairement, le conflit du Haut-Karabakh a été une guerre de haute intensité entre deux armées. Contrairement aux opérations dans lesquelles les armées occidentales sont actuellement engagées, il ne s’agit pas d’un affrontement avec des groupes armés, plus ou moins organisés et généralement qualifiés de « terroristes ». Le Haut-Karabakh sera analysé dans les écoles de guerre, notamment en France, où l’on envisage désormais ce type d’affrontements.
La supériorité azerbaïdjanaise a été évidente dès les premiers jours. Elle s’est appuyée sur un très large emploi de drones, qui ont porté des coups constants et très durs à l’ennemi. Il s’agit d’engins livrés par la Turquie et Israël. L’Azerbaïdjan a conservé la maîtrise du ciel en neutralisant les défenses aériennes arméniennes, grâce à des frappes de précision et à la guerre électronique.
Comme on l’avait déjà en Syrie et en Libye, le matériel russe (qui équipe l’Arménie) a montré ses limites face à la technologie turque. Les deux armées ont fait un large usage de l’artillerie, y compris des missiles balistiques sol-sol. Les Arméniens ont même tiré au moins un missile Iskander de fabrication russe, considéré comme stratégique par l’Otan. Le commandement et la planification des opérations côté azerbaïdjanaise ont bénéficié d’une assistance militaire turque qui a porté les forces armées de Bakou, à un niveau très professionnel, y compris avec des forces spéciales. Une manœuvre rendue très risquée par la montagne a été couronnée de succès. L’engagement de mercenaires, de part et d’autre, a été beaucoup commenté, sans que l’on sache quel rôle militaire ils ont vraiment joué.
Enfin, l’armée azerbaïdjanaise a fait la preuve qu’à la guerre « la masse compte » : avec une population quatre fois supérieure à celle de son ennemi, elle avait des capacités supérieures. A aucun moment de ces 45 jours de guerre, la partie arménienne n’a été en mesure de reprendre l’initiative opérationnelle, au-delà d’affrontements tactiques.
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