2021-10-04

« NOUS ATTENDONS BEAUCOUP DE LA FRANCE » Les Azerbaïjanais de France interpellent le Président de la République française

Les Azerbaïdjanais participaient, ce lundi 27 septembre, à une journée mémorielle en hommage aux victimes de la guerre de libération du Karabakh. Alors que les extrémistes arméniens cherchent à s’appuyer sur la diaspora française pour étouffer la voix des azéris, afin de pouvoir, sans contradiction, les présenter comme des agresseurs et justifier leurs revendications territoriales, les Azerbaïdjanais de France ont décidé, enfin, de se faire entendre.

Dans un pays où « qui ne dit mot consent », laisser les attaques et les calomnies sans réponse eût été une erreur. L’ancien Président Valery Giscard d’Estaing en fit les frais lorsqu’à une question sur « l’affaire des diamants », qui s’avéra un coup monté par ses concurrents, se contenta de répondre « Il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison ». Cela lui coûta sa ré-élection.

Pour cette raison, et parce que l'Azerbaïdjan est un pays francophile où la culture française est omniprésente, notamment à travers ses établissements d'enseignements bi-nationaux, les Azerbaïdjanais de France ont décidé de réagir publiquement à travers une lettre adressée, au nom d’un collectif d’associations (1), au Président de la République, à Monsieur Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Monsieur Richard Ferrand, Président de l’Assemblée Nationale et Monsieur Gérard Larcher, Président du Sénat.

Ils rappellent que l’intégrité de l’Azerbaïdjan est reconnue et protégée par la communauté internationale, et que la lutte contre le séparatisme arménien au Karabakh, nourri et soutenu idéologiquement, financièrement et militairement par la République d’Arménie n’est que la mise « en application les résolutions de l’ONU votées par tous les membres, y compris par les pays coprésidant le Groupe de Minsk. »

Ils regrettent également que, par un renversement du discours historique, on oublie que ce sont les azéris qui « ont été brutalement chassés de leur terre natale », et non les arméniens, qui ont toujours bénéficié du même statut que le reste de la population. « L’occupation des territoires azerbaidjanais par les forces armées de l’Arménie » ajoutent-il, « a eu des conséquences douloureuses pour un million de refugiés azerbaïdjanais […] La coexistence, l’entraide, le bon voisinage, la coopération et d’autres valeurs véhiculées pendant des décennies par l’Azerbaïdjan ont été violemment brisés par l’Arménie »

Les 30 ans d’occupation arménienne ont transformé la majeure partie du Karabakh en champ de ruines. L’Arménie a déversé et continue de déverser des déchets toxiques dans les rivières traversant le Karabakh, notamment le district de Zanguilan, lesquelles révèlent « un niveau de pollution catastrophique qui constitue une menace pour la santé de la population avec, pour résultante, la dégradation de l’écosystème de la région. »

Par ailleurs, même après la fin des hostilités, « au moment de retirer ses troupes armées de certains districts azerbaïdjanais découlant de la Déclaration tripartite, signée le 10 novembre 2020 entre l’Azerbaïdjan, la Russie et l’Arménie, l’Arménie a, encore une fois, violé le droit international humanitaire en plaçant des mines antichar et antipersonnel dans les districts d’Aghdam, de Latchine et de Kelbadjar. »

Des mines qui ont continué à tuer des civils et des militaires, et dont l’Arménie refuse toujours de délivrer la totalité des cartes.

« Nous attendons beaucoup de la France » ajoutent les signataires. « Nous attendons qu’elle soit, comme elle l’a eu le courage de l’être dans son Histoire récente, garante du respect des lois internationales, et notamment de l’intégrité du territoire de l’Azerbaïdjan. Nous attendons d’elle son soutien dans notre demande transmission des cartes des mines, toujours meurtrières, illégalement posées par l’Arménie. »

Mais c’est désormais à l’avenir qu’il faut travailler.
« Le retour des réfugiés azerbaïdjanais dans leur terre natale constitue l’axe prioritaire de la stratégie d’après-guerre de la République d’Azerbaïdjan ». Mais aussi la situation de la population arménienne des territoires libérés. « Considérés comme citoyens azerbaïdjanais, le gouvernement azerbaïdjanais prend toutes les dispositions nécessaires à leur réintégration dans la vie quotidienne en Azerbaïdjan ».

Le patrimoine historique vandalisé est en cours de réhabilitation, « A titre d'exemple, à Choucha, des mosquées, des monuments historiques, des mausolées, des maisons-musées ainsi que l’église de Kazanchi sont en cours de restauration »
Quant aux villages et sites saccagés, la reconstruction a déjà commencé, avec la proche émergence de « villes intelligentes », écologiques et connectées, où chacun pourra vivre en paix, quelle que soit la culture, son origine, sa religion.

La paix est précisément le grand chantier prioritaire. « En ce qui concerne la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan » écrivent les auteurs de la lettre, « le gouvernement azerbaïdjanais a proposé à plusieurs reprises de fonder une base juridique visant à reprendre les relations diplomatiques entre les deux pays et de construire ensemble la paix et la stabilité dans la région. La volonté de l’Azerbaïdjan est indiscutable sur ce sujet, car non seulement l’Azerbaïdjan a autorisé l’utilisation d’une partie de son territoire - le corridor de Latchine - pour des raisons humanitaires, mais il a donné son accord pour que la Russie puisse acheminer le gaz naturel à l’Arménie en exploitant son infrastructure de transport des ressources gazières.»

Pacifier la région doit être une priorité, non seulement sur le plan stratégique, mais surtout sur le plan humain, celui de l’entente entre les peuples. Hélas, si une telle volonté semble voir le jour sur place, elle est volontairement contrariée par ceux qui, à l’extérieur du Caucase, placent l’idéologie avant l’intérêt des peuples.

En France en particulier, où l’écrasante diaspora arménienne, forte de ses centaines de milliers de représentants, étouffe les voix des quelques 4000 Azerbaïdjanais, ceux-ci espèrent que le puissant lobby arménien ne détournera pas les autorités françaises de leur mission de garantes de la justice et de la paix.

« Nous attendons [de la France] qu’elle soit à nos côtés dans le processus de paix que nous voulons établir avec nos voisins arméniens. Nous attendons d’elle enfin qu’elle contribue à apaiser la communauté arménienne française, hélas instrumentalisée par ceux qui ne souhaitent pas qu’une paix durable s’établisse dans notre région. » conclut l’appel des Azerbaïdjanais de France.

https://www.lagazetteaz.fr/news/politique/7422.html

 

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