Pourquoi la paix dans le Caucase est aussi dans l’intérêt de l’Europe
On ne pourra plus dire que la sécurité dans le Caucase-sud n’intéresse plus personne à commencer par les grands acteurs de la communauté internationale. Cela fait deux ans que la guerre de 44 jours qui opposa l’Azerbaïdjan à l’Arménie autour des territoires du Karabakh récupérés par Bakou après près de 30 ans d’occupation a pris fin. Une déclaration tripartite sous l’égide de la Russie avait permis de conclure un cycle de violence historique et à la paix et de poser les jalons d’une nouvelle dynamique entre les deux pays. Depuis, chaque jour est un défi entre Bakou et Erevan pour faire avancer les discussions et nombre de médiateurs internationaux se sont proposés pour pouvoir poursuivre ce processus diplomatique mais aussi de terrain.
Déminage, reconstruction, retour des réfugiés, définition des frontières, coopération économique et humaine, autant de dossiers qui avancent lentement mais sûrement rencontre après rencontre entre les dirigeants azerbaïdjanais et arménien. La paix dans le Caucase est à ce prix et seule la pacification durable des relations entre les deux pays permettra d’assurer la sécurité de la région et de son environnement. C’est aussi de notre intérêt, celui de l’Europe, des Etats-Unis et de la Russie.
La réunion trilatérale qui a eu lieu le 7 novembre dernier entre le Ministre des Affaires étrangère azerbaïdjanais, Jeyhun Bayramov et arménien, Ararat Mirzoian, avec le Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, est le nouvel épisode d’une longue série et la preuve que Washington qui a longtemps délaissé la région chercher à revenir dans la course.
Preuve aussi que tous les partenaires internationaux cherchent à apporter leur pierre à l’édifice alors que la sécurité de l’Europe est déjà largement ébranlée sur son front-est avec la guerre en Ukraine : l’Union européenne, qui mène une série de rencontres et de négociations, sous l’égide du président du Conseil européen Charles Michel depuis février et l’affaiblissement de la Russie sur le terrain, a organisé un meeting le 3 novembre dernier à Bruxelles autour de la question épineuse de la définition des nouvelles frontières post-conflit. Cette rencontre fait suite aux derniers accords engageant le Président Ilham Aliyev et le premier Ministre Nikol Pachinian à Bruxelles mais aussi à Prague lors du lancement de la Communauté Politique Européenne voulue par Emmanuel Macron.
On se souvient dernièrement que la Russie, qui était à l’origine du cessez-le-feu du 10 Novembre 2020 et de la présence d’une force russe sur place avait cherché à reprendre la main sur le dossier avec l’accueil par Vladimir Poutine à Sotchi du président azerbaïdjanais et premier Ministre arménien pour tenter de peser de nouveau dans sa zone d’influence. A l’issue de la rencontre, les deux protagonistes s’étaient accordés pour mettre un terme à la violence qui était repartie de plus belle en septembre sur place. On assiste ainsi à une véritable guerre des médiations autour du Caucase-sud et la nécessité de parvenir le plus vite possible à régler tous les dossiers encombrants, et construire une paix qui ne crée pas de frustrés ou d’humiliés, dans une dynamique de coopération qui soit politique mais aussi économique. Le Karabakh désenclavé, avec la construction de nouvelles routes et lignes ferroviaires, la création de villes connectées, le développement des énergies renouvelables, l’accueil croissant d’investisseurs étrangers, le développement de l’agriculture, permettra, et c’est cela qu’il faut soutenir, un développement économique inédit dans la région. Une cinquantaine de projets de taille est déjà en cours auxquels devraient au moins contribuer prochainement entre autres l’Europe.
Titre original: Deux ans plus tard, il faut soutenir toutes les rencontres multilatérales entre Azerbaïdjan et Arménie pour « construire » la paix