2015-12-17

"Elchin Amirbayov : "La situation de ni guerre-ni paix dans le conflit arméno-azerbaidjanais n’est plus tenable longtemps. Le Haut-Karabakh doit revenir à l'Azerbaidjan" Interview de l'Ambassadeur d'Azerbaïdjan en France Elchin Amirbayov à Le nouvel Economiste.fr

Elchin Amirbayov : "La situation de ni guerre-ni paix dans le conflit arméno-azerbaidjanais n’est plus tenable longtemps. Le Haut-Karabakh doit revenir à l'Azerbaïdjan"

L'ambassadeur de la république d'Azerbaïdjan revendique un rôle spécifique pour son pays en mettant en avant son indépendance et sa laïcité : "servir de pont entre les continents". Une ambition contrariée par le “conflit gelé” avec l’Arménie voisine à propos du Haut-Karabakh, qu'attise selon lui, la diaspora arménienne, tout particulièrement en France, en pratiquant un “Azerbaïdjan bashing” contre-productif

Aux confins du Caucase, l'Azerbaïdjan revendique, par la voix de son ambassadeur en France, un rôle spécifique en mettant en avant son indépendance et sa laïcité : “servir de pont entre les continents”. Une ambition qui, forte de la manne pétrolière, se déploie via un “soft power” fait de grandes manifestations internationales culturelles ou sportives, dans un pays qui, “même si des progrès restent à faire, est engagé résolument sur la voie de la modernisation politique et économique”. Mais cette ambition est contrariée par la persistance du “conflit gelé” avec l’Arménie voisine à propos du Haut-Karabakh. L’Ambassadeur pointe ici le rôle néfaste de la diaspora arménienne, qui alimente selon lui, tout particulièrement en France un “Azerbaïdjan bashing” contre-productif. “Le statu quo actuel au Haut-Karabakh de ni guerre-ni paix n’est plus tenable longtemps”, prévient Elchin Amirbayov


Propos recueillis pas Philippe Plassart

L'Azerbaïdjan est un des lieux dans la région du Caucase les plus anciennement habités du monde, situé au carrefour de l’Europe et de l’Asie, sur la fameuse Route de la soie. Sa situation stratégique avec au nord la Russie, au sud l’Iran, à l’ouest l’Arménie, et au nord-ouest la Géorgie, explique pourquoi les Azéris sont autant historiquement attachés à leur indépendance face notamment aux convoitises de leurs voisins, notamment sur les ressources naturelles dont le pays est richement doté : hier le sel et l’or, aujourd’hui le pétrole et gaz. Bien que plusieurs fois envahi, l’Azerbaïdjan a conservé une identité culturelle forte enrichie de ces différents apports, faisant du pays une plateforme naturelle pour promouvoir aujourd’hui le dialogue inter-culturel et inter-religieux. 95 % de la population est musulmane mais le régime est une république laïque.

“Bien que plusieurs fois envahi, l’Azerbaïdjan a conservé une identité culturelle forte enrichie de ces différents apports, faisant du pays une plateforme naturelle pour promouvoir aujourd’hui le dialogue inter-culturel et inter-religieux”

Indépendance et laïcité sont les deux maîtres mots. À la fin de l’URSS, l'Azerbaïdjan a été, avec la Géorgie et la Lituanie, la première république à revendiquer le retour de sa souveraineté, comme en 1918-1920 lorsque le pays fut la première république parlementaire dans l’Orient musulman. Après la déclaration d’indépendance, il a fallu construire les fondations d’un jeune État dans un contexte économique et politique extrêmement difficile. L’expérience du premier gouvernement nationaliste formé par d’anciens dissidents a tourné court du fait de l’inexpérience de ses dirigeants, et a débouché sur une situation chaotique. Le pays s’est alors tourné vers Heydar Aliyev étant donné son expérience – c’est un ancien dirigeant du temps de l’URSS – et aussi sa vision, et l’a élu en 1993. En 2003, son fils Ilham Alieyev lui succède à la tête du pays et se fait réélire deux fois, la prochaine élection présidentielle ayant lieu en 2018 (il n’y a pas de limitation dans la Constitution qui fut adoptée par référendum). C’est un régime présidentiel avec, comme en France, un président et un Premier ministre.

Islam modéré, laïcité assumée

Les musulmans azerbaïdjanais sont fiers de leurs racines et pratiquent un islam modéré (65 % Chiites, 35 % Sunnites). Il y a une communauté juive très ancienne dans les montagnes du Caucase, les Khazars, des Ashkénazes revenus en Azerbaïdjan après avoir été chassés de l’Empire russe au XIXe siècle. Il n’y a pas d’antisémitisme chez nous. La laïcité azerbaïdjanaise est un modèle qui fait coexister les religions. L’État peut accorder des subventions aux communautés religieuses, notamment pour la restauration des édifices ou le financement des écoles, mais ces communautés restent totalement autonomes. Le respect réciproque est un atout majeur pour le pays. La religion est complètement séparée de l’État. Dans la mentalité des Azerbaïdjanais, il faut donner à chacun sa place et tout à chacun a le droit de choisir s’il veut ou ne veut pas pratiquer sa religion.

“Il n’y a pas d’antisémitisme chez nous. La laïcité azerbaïdjanaise est un modèle qui fait coexister les religions”

L’islam qui est pratiqué est modéré. Dans les rues de Bakou, les femmes voilées sont peu nombreuses et celles qui en portent le font par choix. La République d’Azerbaïdjan est une jeune démocratie engagée sur la voie de la modernisation politique et économique. La peine de mort a été abolie en 1998 et l'Azerbaïdjan, devenu en 2001 membre à part entière du Conseil de l’Europe, s’est soumis volontairement à la Cour européenne des Droits de l’Homme. Notre volonté est de nous placer sous le contrôle de mécanismes très exigeants et vigilants. Une cinquantaine de partis politiques sont enregistrés. Et il n’y a aucune restriction des libertés de la presse. Il n’y a pas de censure et Internet est libre. Il existe plus de 500 journaux, une vingtaine de chaînes de télévision et une trentaine de radios. Lors des élections, les observateurs internationaux sont toujours présents. L'Azerbaïdjan est un pays laïc qui fait toute sa place aux femmes. Ces dernières, qui ont le droit de vote depuis 1918, sont présentes au Parlement et au gouvernement. Sur 125 parlementaires, 25 sont des femmes. En Azerbaïdjan, tous les groupes ethniques coexistent parfaitement et il n’y a pas d’antisémitisme. La séparation des religions et de l’État est strictement établie.

Le contexte géopolitique

Le choix du peuple azerbaïdjanais est de se brancher sur la modernité, et de jouer de ses atouts pour trouver sa place. En même temps, évidemment, tout n’est pas parfait. Mais quel pays l’est ? La France elle-même est parfois critiquée par les instances internationales… Les choses peuvent encore s’améliorer chez nous, nous en avons conscience. Nous avons adhéré au Conseil de l’Europe il y a treize ans pour soutenir nos efforts. Lorsque ce Conseil pointe l’emprisonnement de journalistes, chaque cas est examiné et on explique. Mais un journaliste qui commet un délit en dehors de son activité professionnelle ne peut disposer d’une immunité lorsque la justice est saisie. Sur Internet, l’opposition peut s’exprimer librement, et les Azerbaïdjanais sont libres de critiquer tout le monde. Il faut tenir compte du contexte géopolitique qui met le pays sous pression et qui renforce la nécessité de stabiliser le pays politiquement et économiquement.

“Tout n’est pas parfait. Mais quel pays l’est ? La France elle-même est parfois critiquée par les instances internationales…”

N’oubliez pas que l’Azerbaïdjan est en guerre avec l’Arménie. Un cinquième de notre territoire est sous occupation étrangère, et sur une population de 9 millions d’habitants, on dénombre 1 million de personnes déplacées. C’est une lourde responsabilité dont il faut tenir compte dans notre processus de démocratisation entamée depuis près d’un quart de siècle. On ne peut pas nier les progrès, même s’il reste encore beaucoup à faire.

Le dialogue interculturel

L’Azerbaïdjan a noué des relations de bon voisinage avec la Russie, l’Iran, la Turquie, et aussi avec la Géorgie, pays avec lequel nous avons historiquement et géographiquement beaucoup de points communs. On peut parler d’un véritable partenariat stratégique, notamment pour l’acheminement des hydrocarbures de la mer Caspienne, le Trans Adriatic Pipeline (TAP), qui passe par l’Anatolie pour aller vers la Méditerranée. L’Azerbaïdjan doit être considéré comme un partenaire fiable et crédible en la matière pour ses voisins, mais aussi pour l’Europe. L’Azerbaïdjan, qui a été récipiendaire de l’aide internationale dans les années 90, veut désormais apporter sa pierre à la stabilité. À la suite de l’attaque du 11 septembre 2001 aux États-Unis, nous avons rejoint la coalition de lutte contre le terrorisme et participé aux opérations de maintien de la paix de l’Otan.

Nous accompagnons actuellement la lutte contre Daech, même si ce n’est pas dans le cadre de la coalition. Une de nos priorités, c’est la mise en oeuvre d’un partenariat stratégique équilibré avec l’Union européenne, sans faire partie pour autant de telle ou telle alliance militaire. Notre choix est de nous rendre utile à tout le monde tout en valorisant nos atouts, c’est-à-dire notre position géostratégique, notre indépendance et notre laïcité. Nous voulons servir de pont entre les continents étant donné notre position géopolitique, notre capacité de vivre en paix avec les voisins, la modération avec laquelle nous traitons les questions religieuses, nos richesses naturelles et notre volonté d’être une sorte de symbiose entre les continents, entre les différentes civilisations. Pour jouer son rôle de vecteur du rapprochement des différentes cultures du monde, l’Azerbaïdjan organise notamment depuis 10 ans, à Bakou, avec l’Alliance des civilisations de l’ONU, en coopération avec le Conseil de l’Europe et l’Unesco, le Forum international sur le dialogue interculturel, véritable Davos de la culture réunissant les représentants d’une centaine de pays.

Le conflit toujours ouvert du Haut-Karabakh

Le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie n’est pas assez médiatisé. Ce n’est pas parce qu’il a disparu des radars de l’attention internationale – on parle parfois de lui comme d’un “conflit gelé” – qu’il ne fait pas régulièrement des victimes des deux côtés. Tous les ingrédients d’une bombe à retardement pouvant exploser à n’importe quel moment y sont réunis. Durant les années 80, les Arméniens, profitant de la période de la Perestroïka, ont poussé le Haut-Karabakh au séparatisme. Cela a débouché sur une guerre ouverte entre 1992 et 1994, avec pour conséquence au moment du cessez-le-feu, l’occupation de 20 % du territoire de l’Azerbaïdjan, le déplacement de 750 000 habitants et le retour de 250 000 réfugiés azerbaïdjanais chassés d’Arménie, soit 1 million de personnes déplacées. Un véritable nettoyage ethnique accompagné de massacres et de destruction de tout le patrimoine culturel. Les Arméniens, loin de l’image véhiculée par leur diaspora de victimes des Ottomans, sont devenus à leur tour des bourreaux… Or du point de vue historique, l’Arménie n’a rien à voir avec le Caucase du Sud ; simplement, le Tsar a voulu mélanger la population musulmane du Caucase avec d’autres populations par des politiques de peuplement. Et la présence d’or dans les alentours a attiré les convoitises.

“Le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie n’est pas assez médiatisé”

Les Arméniens ont installé un régime marionnette dans le Haut-Karabakh, constitué de dirigeants nommés par Erevan. Pendant les négociations avec le président arménien sous l’égide de l’OSCE, le président Aliyev doit discuter avec le responsable arménien des massacres de Khodjaly en 1992, une situation qui n’a rien, on peut le comprendre, d’évident. Les Arméniens aiment à se faire passer pour de pauvres victimes. C’est loin d’être le cas. De même, ils présentent le conflit comme étant d’essence religieuse opposant une Arménie chrétienne et un Azerbaïdjan musulman, une totale désinformation des faits. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté quatre résolutions demandant le retrait immédiat inconditionnel des forces occupantes arméniennes de ces territoires. Mais elles restent lettre morte. Tout cela ne mène qu’à une impasse et à la perpétuation d’un statu quo dangereux au Haut-Karabakh.

La France, qui est un des trois pays principaux médiateurs avec la Russie et les États-Unis, essaie de nous aider à obtenir la paix en organisant des rencontres des deux présidents, comme ce fut le cas en octobre 2014 au Sommet de Paris sur le Haut-Karabakh. Une rencontre qui a été hélas été suivie une semaine plus tard, par des exercices militaires arméniens de grande envergure dans les territoires occupés. Notre opinion publique supporte de plus en plus mal ces provocations et ces négociations sans résultats depuis vingt ans. Le rapport de forces est en notre faveur : le budget militaire de l’Azerbaïdjan est plus élevé que le budget total de l’Arménie, mais nous sommes assez sages pour considérer que la guerre, qui est un drame, n’est pas la solution. Mais l’absence de progrès dans les pourparlers n’est plus acceptable. Il faut que la communauté internationale mette la pression sur l’Arménie pour négocier, sachant que la situation de ni guerre-ni paix n’est plus tenable longtemps. Le Haut-Karabakh doit revenir à l’Azerbaïdjan.

La manne pétrolière

Le gouvernement met en œuvre une série de réformes économiques pour effectuer la transition vers une économie de marché. On a beaucoup avancé dans cette voie. Le gouvernement essaie d’optimiser l’utilisation des revenus du pétrole. Un axe fort pour profiter au maximum des revenus du pétrole et du gaz a été l’ouverture d’une nouvelle voie d’acheminement par l’ouest, en complément de celle passant par la Russie, le Bakou-Tbilissi-Ceyhan, par lequel transite désormais 85 % de notre pétrole. Nous voulons contribuer à sécuriser les approvisionnements des pays européens en étant un partenaire fiable pour réduire la dépendance au gaz russe. Nos réserves de gaz sont considérables. Et nous invitons le Turkménistan, qui dispose aussi de beaucoup de ressources, à se joindre à ce réseau. La Turquie, qui occupe une place incontournable en tant que pays de transit, est aussi dans le jeu. Au cours des dix dernières années, plus de 170 milliards d’euros provenant de la manne pétrolière ont été investis dans l’économie azerbaïdjanaise pour la diversifier, dont 27 milliards rien que l’année dernière.

Aujourd’hui, le taux de croissance dans le secteur non énergétique est beaucoup plus important que le taux de croissance du côté énergétique, du fait notamment de la chute du prix du pétrole et des matières premières. L’objectif est de réduire notre dépendance économique aux hydrocarbures, en misant sur les infrastructures et le développement de l’agriculture, du tourisme, etc. L’Azerbaïdjan a lancé son premier satellite de télécommunications depuis Kourou, en Guyane française en 2012, avec un lanceur Ariane Espace ; d’autres vont suivre, car nous souhaitons devenir un hub régional pour les nouvelles technologies, notamment en coopération avec la France. Il nous faut préparer la période du déclin du pétrole, d’où la constitution comme en Norvège d’un fonds pétrolier, dont les comptes sont régulièrement audités dans le cadre de l’initiative onusienne de transparence des industries pétrolières.

“Plus de 170 milliards d’euros provenant de la manne pétrolière ont été investis dans l’économie azerbaïdjanaise pour la diversifier”

Ce fonds permet par exemple de financer les études à l’étranger de nos meilleurs étudiants ; plus de 600 jeunes ont déjà bénéficié de ce programme de 5 ans. Il finance également l’amélioration des infrastructures de santé (hôpitaux, dispensaires.) et le développement régional. Notre stratégie macroéconomique est de réinjecter les revenus pétroliers dans les secteurs non énergétiques, et d’utiliser les revenus ainsi générés pour l’amélioration du niveau de vie. Ce dernier, qui s’élève à 6 000 dollars par tête, a triplé en 10 ans ; le taux de pauvreté, qui était de 49 % il y a 10 ans, est tombé à 5 % de la population. Le Forum de Davos place l’Azerbaïdjan au 38e rang des 148 pays selon l’indice de compétitivité mondiale, et la Banque mondiale classe l’Azerbaïdjan dans la catégorie des pays à revenu moyen ou supérieur.

L’"Azerbaïdjan bashing"

Notre pays, qui est sur une voie certes perfectible, ne mérite sûrement pas la campagne de dénigrement qu’il subit et qui relève de l’“Azerbaïdjan bashing”. Une telle suspicion traduit une profonde méconnaissance de notre pays, qui entraîne une sous-estimation des problèmes et défis géostratégiques qu’il doit affronter, notamment en matière de sécurité, et des risques de déstabilisation du fait de sa proximité avec les conflits régionaux (Syrie, Irak.). L’appartenance de l’Azerbaïdjan au monde musulman soulève naturellement des questions, en dépit de la laïcité inscrite dans la Constitution et vécue au plus profond dans la vie quotidienne. Enfin, il y a la volonté d’indépendance tant sur le plan politique qu’économique de l’Azerbaïdjan. Le pays refuse de prendre part à des alliances militaires ou géopolitiques, car nous pensons qu’il peut – et doit – jouer un rôle de pont.

“Notre pays, qui est sur une voie certes perfectible, ne mérite sûrement pas la campagne de dénigrement qu’il subit et qui relève de l’“Azerbaïdjan bashing””

Mais l’affirmation de ce choix par un pays de dimension modeste peut déplaire à certaines grandes puissances. C’est sur cette toile de fond que la diaspora arménienne mène sa campagne de désinformation et de manipulation à l’encontre de l’Azerbaïdjan, notamment sur le respect des droits de l’homme, dans le contexte de la confrontation avec l’Arménie autour du Haut-Karabakh. L’Azerbaïdjan ne prétend pas être irréprochable, mais il est important que notre pays trouve à l’échelle internationale des soutiens sincères pour l’aider à s’améliorer en ne cédant à la campagne de dénigrement.

La responsabilité de la diaspora arménienne

La communauté arménienne à l’étranger, notamment les Arméniens de France, devrait œuvrer pour la réconciliation. Mais au lieu de cela, une partie d’entre eux essaient de diffuser des informations tendancieuses pour dénigrer l’image de l’Azerbaïdjan aux yeux des Français en le faisant passer pour un pays barbare et ennemi, “petit frère” de la Turquie qui a menacé leur existence… Le plus dommage est que certains élus français cautionnent cette propagande pour des raisons électoralistes en se rendant dans le Haut-Karabakh occupé. Certains élus de municipalités où la communauté arménienne est importante signent des conventions de coopération intercommunales avec des municipalités du Haut-Karabakh, en totale contradiction avec les engagements internationaux de la France qui a reconnu l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan sur le Karabakh. Ces initiatives, exploitées par l’Arménie, entachent gravement l’image de la France aux yeux des Azerbaïdjanais, pas seulement en tant que pays ami, mais aussi en tant de médiateur impartial.

Les attentes vis-à-vis de la France

Nous attendons ce soutien tout particulièrement de la France avec qui nous entretenons des relations diplomatiques excellentes depuis un quart de siècle. Les Azerbaïdjanais témoignent d’une affection particulière à l’égard de la France qui est admirée pour sa culture, sa littérature et pour sa contribution générale dans le monde entier. La France est aussi notre quatrième partenaire commercial en dépit de la distance qui nous sépare. Paris joue un rôle très important dans la médiation du conflit avec l’Arménie, et même si 500 000 à 600 000 Français sont d’origine arménienne, la France sait se montrer impartiale.

“Paris joue un rôle très important dans la médiation du conflit avec l’Arménie, et même si 500 000 à 600 000 Français sont d’origine arménienne, la France sait se montrer impartiale”

L’entente au plus haut niveau est parfaite, comme en témoigne la régularité des rencontres au sommet. Il est dommage que ces relations soient ternies par des initiatives intempestives prises au niveau de certaines municipalités. Par ailleurs, le potentiel au niveau des échanges commerciaux est très important, et les échanges économiques se développent : plus de 50 entreprises françaises sont présentes en Azerbaïdjan dont Total et GDF Suez pour un montant total de 3 milliards d’euros d’investissements directs.

Le “soft power” azerbaïdjanais

Nous voulons nous faire connaître en misant sur les échanges touristiques et culturels, et pas seulement comme un pays richement doté en pétrole et en gaz. Le potentiel est important : deux stations de ski nouvelle génération viennent d’être ouvertes dans les montagnes du Caucase, à 5 heures de vol de la France. Et il faut aussi compter sur les stations balnéaires de la mer Caspienne. Dans le domaine culturel cinématographique, nous allons rouvrir un studio de tournage de films. Nous accueillons par ailleurs volontiers des manifestations internationales telles que l’Eurovision, ou la première édition des Jeux Européens qui ont eu lieu au mois de juin dernier ; l’an prochain, le pays accueillera une course du circuit de Formule 1; en 2017, la quatrième édition des Jeux de la Solidarité Islamique ; et en 2020, des matchs de football du championnat européen.

Nous déployons aussi notre “soft power” via dans des opérations de mécénat, en participant par exemple à la restauration des vitraux de la cathédrale de Strasbourg, au financement du nouveau département des Arts islamiques au Musée de Louvre, ou à la rénovation d’une vingtaine d’églises rurales en Basse-Normandie et des Catacombes du Vatican. Ces exemples variés montrent que pour l’Azerbaïdjan, le patrimoine culturel mondial appartient à tous, et qu’il n’y a ni règle, ni limite d’ordre religieux, culturel ou géographique à nos actions. Nous sommes totalement ouverts au monde.

Bio express 
Diplomate expérimenté

Né à Bakou en 1972, S.E.M Elchin Amirbayov est diplômé de l’Institut des langues étrangères de Bakou et a poursuivi des études post-universitaires à Paris, Rome, en Allemagne et à l’École JF Kennedy de l’université d’Harvard aux États-Unis. Diplomate de carrière, francophone – son père a été le doyen pendant deux décennies de la faculté de la langue française à l’Université des langues de Bakou –, il a notamment été en poste aux Nations Unies à New York et à Genève, et auprès de l’Otan à Bruxelles. Ambassadeur de l’Azerbaïdjan en Suisse et auprès du Vatican et du Lichtenstein, il devient ambassadeur à Paris en janvier 2010.

 

Chiffres clés
9 millions d’habitants, dont 2 millions à Bakou, la capitale.
PIB : 60 milliards d’euros, soit un PIB
par habitant de 6 250 euros
Principales ressources : pétrole et gaz

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